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Assises des Ardennes : Keyshawn Harlequin, un portrait psychologique troublant

07/10/2025 - 18:44 - Rédigé par Candide Blomme

Assises des Ardennes : Keyshawn Harlequin, un portrait psychologique troublant

Le deuxième jour du procès de Keyshawn Harlequin, accusé du meurtre de sa compagne Émilie dans la nuit du 31 décembre 2022, a été marqué par le témoignage accablant du Docteurr Jean-Luc Ployé, expert psychologue près la cour d’appel de Reims. Son rapport, fruit d’un entretien de plusieurs heures avec l’accusé en décembre 2023, dresse le portrait d’un homme en proie à des mécanismes psychologiques complexes, où frustration, victimisation et violence se mêlent dans une spirale mortifère.


Un profil intellectuellement « normal », mais une personnalité à haut risque criminologique


D’emblée, le Docteur Ployé écarte toute déficience intellectuelle chez ,l'accusé présumé, âgé de 26 ans au moment des faits : « C’est un homme dont les capacités de compréhension et d’abstraction sont dans la moyenne, voire supérieures pour les tâches pratiques. Il sait distinguer le bien du mal, et n’est ni manipulable ni influençable ». Pourtant, cette lucidité contraste avec une « impuissance face à la culpabilité », comme le souligne l’expert. Keyshawn Harlequin « responsabilise peu » ses actes, préférant justifier son comportement par un « discours de victimisation abondant ».


Jean-Luc Ployé, Expert psychologue auprès de la Cour d'appel de Reims, revient sur le discernement de l'accusé présumé au moment des faits


Un détail frappant : lors des tests psychologiques, Keyshawn Harlequin a mis « 3 à 4 minutes » pour répondre à des questions simples, révélant un « mécanisme de rumination » — une incapacité à gérer la frustration qui, selon l'expert, « accumule comme un vase qui déborde ». Cette tendance explose lors d’une situation-test évoquant une « rivalité affective », illustre le psychologue, y voyant « un résidu de sa structure de personnalité » lié à son « rapport conflictuel avec l’image féminine ».


Une relation toxique, miroir d'une enfance violente


Le couple formé par Keyshawn, 25 ans, et Émilie, 23 ans, mère de deux enfants, n’a duré que six mois — « six mois de disputes en boucle », résume l’expert. L'accusé décrit une dynamique où « elle voulait toujours faire l’amour », ou « l’humiliait » lorsqu'il refusait ses demandes. « Il interprète tout comme une provocation », analyse le Docteur Ployé, qui note une « sensibilité paranoïaque » sans diagnostic formel.


Pourtant, les rôles s’inversent dans le récit de l’accusé : « C’est elle qui m’a forcé à coucher avec elle », « elle a insisté pour faire l’amour malgré mon infection ». « Il se positionne systématiquement en victime », insiste l’expert, « comme s’il avait été trompé, humilié, déstabilisé dans ses repères culturels ».


Ces mécanismes trouvent leur origine dans une enfance marquée par la violence. Né en Guyane, l'accusé a été placé chez sa grand-mère de 4 à 11 ans, avant de rejoindre ses parents — « incarcérés pour trafic de drogue » — dans un environnement où « son père tabassait sa mère ou lui portait des coups de couteau ». « Ces scènes ont construit sa personnalité », estime Jean-Luc Ployé, qui évoque « une exposition précoce à la brutalité ».


La nuit du 31 décembre 2022, « une fureur incontrôlable »


Les faits sont glaçants. Au matin du 31 décembre, après des mois de tensions, Keyshawn Harlequin poignarde Émilie « entre 5 et 6 fois » selon ses dires alors que l’autopsie en dénombre « au moins 30 ». « Il décrit des flashs après les premiers coups », explique le Docteur Ployé, « comme un court-circuit psychique, une fureur où il n’est plus maître de ses actes ».


L’expert parle d’un « état second », où « Émilie est devenue le réceptacle de toutes ses frustrations » : « Six mois de disputes, de sentiments d’humiliation, de jalousie… Le vase a débordé ». Pourtant, l'accusé minimise : « Pour moi, c’était simple : un ou deux coups de couteau ». « Cela montre son déni de la réalité », commente Jean-Luc Ployé, « et l’absence de travail sur sa culpabilité ».


Dangerosité et pronostic : Un avenir incertain


« Sa dangerosité criminologique n’est pas exclue », avertit le psychologue. Malgré « une intelligence normale » et « une conscience de l’interdit », Keyshawn Harlequin « n’a pas commencé à assumer ses actes ». « Il est dans l’immédiateté, sans mise à distance, incapable de gérer la frustration et risque de reproduire ce schéma dans une future relation ».


Le Docteur Jean-Luc Ployé, au micro de Radio 8


Pour le Docteur Jean-Luc Ployé, sans un sevrage total des stupéfiants, une injonction de soins absolue avec une prise en charge psychiatrique et addictologique, et un suivi à long terme pour éviter une décompensation, le risque de récidive existera toujours car « il n'a pas compris pourquoi il a tué ».

   

L'énigme de l'emprise


Un point reste en suspens : La famille d’Émilie affirme qu’elle « était sous emprise », tandis que la sœur de Keyshawn Harlequin décrit « un frère incapable de quitter la relation, harcelé » par Émilie. « Chacun se dit victime de l’autre », observe Jean-Luc Ployé. « La vérité est probablement entre les deux : une relation toxique, où la violence physique et psychologique se sont nourries mutuellement ».


Deux interviews sont disponibles pour cet article

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